Regard libre sur le film » SIIGA »du réalisateur Issa TIENDREBEOGO.

Le jeudi 06 Mars 2025 s’est tenue dans l’enceinte de la prestigieuse salle du « Théâtre national Koamba LANKOUANDE »du Centre national des arts du spectacle et de l’audiovisuel (Cenasa) la soirée de la troisième édition de « La Nuit du Cinéaste » sous l’heureuse bénédiction de la légende Aminata OUEDRAOGO, marraine, transfuge de la frange pionnière du cinéma burkinabè et africain. J’ai eu l’insigne honneur et la chance d’avoir été du public de cette belle soirée qui dans son déroulé nous a proposé entre autres le film « SIIGA »un court métrage d’un réalisateur burkinabè du nom de Issa TIENDREBEOGO.
La soirée était riche en tout son contenu mais je souhaite ici évoquer en un compendium ce film qui aborde la thématique du vide que beaucoup comme moi ont dégusté avec joie, en dépit de quelques difficultés techniques de projection (sans grand dommage puisque cela n’a en rien altéré la quintessence de l’oeuvre). Le sujet tiré de cette thématique -chapeau aborde quant à lui une trahison souvent vécue par nos frères de la diaspora du fait de leurs frères restés au pays, la dilapidation de fonds confiés pour des projets dans la mère patrie. Dans ce film le traitement est d’une intelligence sidérante, moral sans être didactique . On finit de regarder ce film tout en poursuivant la réflexion sur sa teneur, le casting est d’une justesse crédible et la direction du jeu d’une maestria déconcertante avec des acteurs énormes et magnifiques : Gustave SORGO, Alima NIKIEMA, Issa OUEDRAOGO et bien d’autres (je ne suis pas exhaustif) dans une interprétation efficace sans mimiques superflues ni gesticulations gratuites, juste ce qu’il faut pour parler aux entrailles du spectateur et à la clé un grand défi esthétique et artistique : comment traiter d’un quasi hui clos dans un espace totalement ouvert ? Un véritable os auquel seuls les créateurs audacieux s’attaquent. Mais l’universel n’ est il pas le local sans les murs ? Un paradoxe maîtrisé par le génie du réalisateur, bref, un oxymore poétique traduit en images. Dans un tel défi le choix des plans est déterminant et celui des angles de prise de vues délicat. Un pari cependant gagné ici et qui force l’adhésion. « SIIGA » est un film où les limites de l’occultisme le disputent à la cupidité humaine. Voici une œuvre qui me fait baisser mon chapeau à ses choix (,artistique et esthétique) car exprimer le matériel par son absence voire par le dénuement n’est pas chose aisée quand on sait aussi combien il est difficile de faire simple. Je fais de même face au jeu millimétré de ses interprètes… toutes choses qui m’ont fait dire en mon for intérieur que le réalisateur Issa TIENDREBEOGO est une valeur sûre de la création cinématographique africaine.
Bravo à l’équipe d’organisation de » La Nuit du Cinéaste »pour la réussite de sa soirée, bravo aussi aux créateurs de « SIIGA « parce qu’un tel torrent d’émotions et de cogitations généré par une œuvre d’une vingtaine de minutes est une prouesse.
Au suivant de ces épisodes puisque l’avenir a un long passé.
Ildevert MEDA
Dramaturge.